Née en 1974 à Longeville-lès-Metz (Moselle), Sylvie Gier réside actuellement à Villeurbanne, près de Lyon. Passionnée par l'écriture, elle a travaillé dans l'édition puis s'est orientée vers le service public de la lecture en tant que bibliothécaire, puis conservateur. En 2009, elle se forme à l'animation d'ateliers d'écriture et propose des ateliers et des stages en bibliothèque, à l'université. En 2016, elle créé une auto-entreprise pour développer cette activité de formation à l'écriture.
Elle a publié en revues ("Soleil et Cendre" n°92, "Bacchanale" n°43) et en recueil collectif ("J'ai payé pour ça ?", La Passe du vent, 2009).
Pour suivre son actualité : sylviegier.blogspot.com
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" Ma vie démarre dans les livres, au milieu des mots. Ceux des albums lus et relus, des histoires entendues de la bouche des grands.
Puis je m'accroche au monde à travers les personnages des romans que je dévore. L'univers se déploie dans le temps et dans l'espace. J'y trouve ma mesure, ma respiration.
Et je commence à écrire. Des nouvelles, des poèmes. Tout ce qui résonne en moi vient se briser là, sur la page. Je ne sais pas où diriger cette énergie. J'écris. Je réécris. Je déchire. Je recommence. Je sens que c'est par là que je me connecte aux autres, que quelque chose d'infiniment profond peut surgir. Par là, seulement.
Je fais des études de lettres, bien sûr. Je disserte, je philosophe, je latinise. Je repousse l'université pour m'asseoir encore un peu sur les bancs du lycée, en prépa littéraire. Verlaine et Rimbaud, au programme cette année-là, scellent le pacte. Je veux encore retenir cette soif brute de connaître, la dilution bienheureuse dans tous ces univers singuliers qui me percutent. Le monde réel n'est qu'un décor où se joue mon corps à corps avec la langue.
Je poursuis finalement à l'université. Je me dirige vers le secteur qui, je le pense à l'époque, me permettra de rester le plus en contact avec le livre, la langue, l'urgence, cette présence si viscérale aux autres et au monde. Je continue à écrire. Carnets de voyage. Autofiction intime. Douleurs mises à l'encre des accrocs de la vie. L'écriture devient une île, un périmètre. Le corps à corps avec la langue se heurte aux parois. Les mots, petit à petit, se dérobent.
Je travaille d'abord dans l'édition, puis j'intègre le monde des bibliothèques. Je passe le concours le plus élevé. Et je réussis. J'ai l'impression que je dois me passer des mots. Qu'en quelque sorte, il faut vivre, ou écrire. Et je m'essaie à vivre sans cette respiration-là.
Un enfant arrive. Le temps s'arrête. Les mots se fraient un tout petit passage, entre les plis du quotidien et la fatigue. Comme s'ils n'attendaient que ça. Je prends une disponibilité et commence à écrire à nouveau. Je publie une nouvelle. Je participe à des ateliers d'écriture. Je rencontre des gens pour qui l'écriture est aussi une urgence, une évidence. Qui font parfois leur vie de ce partage autour des mots.
Je me forme à l'animation d'atelier d'écriture, je rencontre des écrivains. J'interroge cette posture d'écrire et de faire écrire. Puis j'anime des ateliers d'écriture, et j'aime ça. Construire une proposition, créer les conditions de sa réception, modifier de quelques millimètres la courbure de ta vision. Un atelier est une performance. Le cadre est défini, mais tout peut surgir. Quelque chose fait irruption, qui enrichit les participants et l'animateur. Chacun se rapproche, pas à pas, de lui-même et des autres.
Un deuxième enfant arrive. Le temps s'arrête encore. Mais les mots poussent et tirent pour occuper tout l'espace. J'écris dans ma tête, à défaut de la feuille, de l'ordinateur, des heures qu'il faudrait pour transcrire tout ce qui me traverse. Je n'ai pas le temps. Je n'ai pas le temps. J'écris sur mon téléphone portable dans le tram qui m'emporte vers mon lieu de travail. J'anime plusieurs ateliers lumineux. Je cherche enfin une solution concrète pour commencer à concilier tout cela. L'important pour moi est de vivre l'écriture dans le monde réel et d'accompagner dans cette expérience ceux qui le souhaiteront.
Et me voilà, à côté de toi. "
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